Jean Condat (1824-1908), est l’auteur des fameux contes balzatois. Son pseudonyme est plus connu des lecteurs et des amateurs de patois : Jean Chapelot. Il est né dans la commune de Vindelle et prit le nom du petit hameau où il vivait. Né en pleine restauration (de la royauté), Condat est un républicain ardent. Esprit gaulois et fin de ses ancêtres charentais, il eut une vie mouvementée débordante de dynamisme et de création: littérateur, polémiste, photographe, patoisant, entomologiste, etc.
Il débuta dans la vie active à 16 ans en tant que clerc de notaire chez Maître Motard à Vars. Dès cette époque, il observait ses voisins, ces pittoresques paysans charentais, fin matois. Comme bon nombre de fonctionnaires de cette époque, il était quelque peu sectaire et s’attaqua à la religion sous le couvert du libéralisme et toute sa vie il fit une guerre acharnée au clergé et au bonapartisme. Cette activité anticléricale ira jusqu’à être très mordante dans ses commentaires sur l’Histoire Sainte, la confession et même la Bible.
Il fonda de nombreux journaux ou revues: le « biographe » organe de la « Société biographique » (1782) publia sous sa direction de 1873 à 1883 six volumes contenant plus de 700 biographies accompagnées de photos.
Les Contes balzatois (1877) sont de petites histoires écrites en dialecte charentais aux dépens des Balzatois, présentés comme des parfaits demeurés. Voilà donc les pauvres Balzatois, affermés, exploités, colonisés, donc considérés comme des inférieurs. Niais, crédules, sots, bêtes, ainsi sont-ils mis en scène. Mais dit CHAPELOT: « si je les negrissis d’un couté, je veux les bianchir de l’autre » Une bonne intention qu’on ne voit guère apparaître tout au long des contes entrecoupés de fusées: contes très courts. Les curés, grands soutiens de la Royauté, ne sont pas épargnés et il peut arriver que les bourgeois si soucieux de faire fructifier leurs écus « se font avoir » par le Balzatois soudain rusé mais si rarement. On retrouve également des contes déjà connus, mis à la sauce balzatoise. Ces contes sont agrémentés de 191 illustrations non légendées, du dessinateur Barthélémy GAUTIER. Dans ses contes en patois plein de verve mordante, il met en scène ses compatriotes dans des positions très amusantes, souvent prises sur le vif avec un esprit gaulois qui rappelle quelque peu La Fontaine et son ambiance agreste. Ils sont l’œuvre la plus connue qui lui valut sa notoriété, souvent accompagnés d’une traduction, ils connurent un grand succès, comme en témoignent les nombreuses éditions.
La plus intéressante est certainement celle qui raconte l’histoire de la cloche de la chapelle à Balzac, que les Vindellois voulurent récupérer après effondrement de celle-ci, contre une malle de cagouilles.
Une épitaphe balzatoise
In Balzatois avait pris femme dans la commune de Vindelle, voisine de tielle de Balzat.
Quoque temps après son mariage, le Balzatois se trouvit d’obligé d’allé faire in voyage dans le Périgord. Pendant l’absence de soun homme, tielle pauv’jeune femme ne trouvit ren de mieux à faire que d’allé à Vindelle, chez ses parents, et d’y mouri de la pique-hotte.
Quand le balzatois revenit de son voyage, y trouvit sa femme morte et enterrée dans le cimetière de Vindelle.
Après l’avouér ben pieurré, boun’gen! Y se retournit à Balzat, et allit tout de site trouvé in taillour de pierres à dui dissit: -Fais me ben vite ine jolie tombe pre mettre sus ma pauv’femme.
Et le taillour de piarres s’escrimit de son mieur, et fazit une magnifique tombe.
Ve créyé, p’têtre, que le Balzatois mettit tielle jolie tombe sus le corps de sa femme dans le cimetière de Vindelle?
A ben vouï!…Y l’arait été ben fâché d’orné le cimetière de Vindelle d’in si joli monument que ça!
Y le fit mettre dans le cimetière de Balzat.
Asemprès, y l’allit à Angoulême charché in bon gravour, et y fit gravé la pitafe qu’y lit là bas, en pieurant, à genouilles devant la tombe de sa pauv’femme!